Pour vous, qu'est ce que le féminisme?

Rappel du premier message :

je pense que nous en avons tous une définition qui nous est propre
quelle est la vôtre?
quelle en est votre conception?
que pensez-vous de l'égalité des sexe? ou de l'inégalité?
quels sont vos modèles de machisme? de féminisme (en positif et négatif)

Je suis féministe pratiquement de naissance ! Ma grand-mère l'était - elle a fait une licence en droit (dans les années 20 !), a divorcé de son mari quand ça n'allait plus (dans les années 40), élevé ses enfants tout en travaillant (après le divorce). Ma mère l'était. Elle a eu 20 ans dans les années 50, et a fait plein de choses que les femmes faisaient rarement : avoir des aventures avant de se marier, faire des études, partir de Suisse pour "monter" à Paris pour poursuivre sa formation, avoir une vraie carrière (académique en l'occurrence), ne jamais arrêter de travailler, partir sur le terrain plusieurs mois de suite en me laissant aux soins de mon père et/ou de ma grand-mère. Mon père, même s'il n'aimait pas le terme, était féministe aussi : il a toujours fait la cuisine et le ménage, a toujours respecté les femmes intellectuellement, a formé autant d'étudiantes que d'étudiants (lui aussi avait une carrière académique). J'ai grandi avec l'idée que tout était possible pour moi, et qu'une fille et un garçon c'était "pareil". d'ailleurs ce n'est pas un hasard, parmi mes ex il n'y a pas un seul macho, je dois avoir une balise qui les décourage d'entrée .
Mon homme est très féministe lui aussi, il ne comprend pas qu'on puisse différencier (au niveau des tâches ménagères, du salaire, etc.). On partage les tâches très équitablement à la maison - c'est vrai que c'est toujouts moi qui cuisine mais c'est parce que j'adore ça et lui il déteste, mais il fait la vaisselle après et plein d'autres choses, y compris son repassage oeuf corse.

Je rejoins tout à fait la phrase d'Arthénice :

Citation :

Au niveau des écoles, je me rattache au féminisme universaliste (l'un
est l'autre, pour reprendre la formule de Badinter) et non au courant
essentialiste (la femme est différente).

Et je déteste les féministes "victimes", celles qui n'arrêtent pas de se lamenter que la femme est une pauvre petite chose qu'il faut protéger. de ce point de vue, l'école Andrea Dworkin/Catharine McKinnon me donne des boutons.

c'est quoi un repassage "oeuf corse"?

"oeuf corse" c'est une manière idiote d'écrire "of course", "évidemment" en anglais. C'est un maniérisme qui m'est resté du temps où je fréquentais assidûment le newsgroup fr.rec.cuisine (frc pour les intimes )

Hermione: pas tout à fait d'accord sur l'école Andrea Dworkin/ Catharine Mac Kinnon Je pense honnêtement pour les avoir lues qu'elles cherchaient avant tout à coimprendre pourquoi il existe une telle différence de traitement entre les hommes et les femmes, notamment en ce qui concerne leurs deux sujets de prédilection car symboliques: la pornographie et le harcèlement sexuel. Bien sûr que les femmes sont des sujets pensants comme les hommes, mais vouloir protéger davantage les femmes en matière de harcèlement sexuel ou en matière de pornographie, c'est aussi prendre en considération un état de fait. Il y évidemment des femmes consentantes, et je respecte leur choix de faire ce travail. Mais il y en a aussi qui ne le sont pas (je pense ici plus spécifiquement à la prostitution). Dire qu'il faut que la prostitution dans une majorité de cas conduit à un certain asservissement de la femme est pour moi un constat. En théorie, ça ne l'est peut-être pas. Mais en pratique, ça l'est dans 60% des cas.
C'est normal donc que l'on se penche avec une particulière attention sur leur consentement réel puisque les pratiques pornographiques portent atteinte d'une certaine façon à la dignité humaine. Cela ne veut pas dire que les femmes sont de petites choses qu'il faut protéger: cela veut dire (pour moi) qu'il faut veiller à leur consentement parce que tous les sujets de droit ne sont pas égaux et libres en fait. Et l'inégalité touche plus les femmes que les hommes.

Andrea Dworkin a quand même écrit des choses comme ça :
"Le coït demeure un moyen ou le moyen d’inférioriser physiologiquement une femme : en lui communiquant cellule par cellule son statut d’infériorité, en le lui inculquant, en l’imprimant en elle par scarification, poussant et poussant sans relâche jusqu’à ce qu’elle cède - ce que le lexique mâle qualifie d’« abandon »."
Euh, bon, voilà...

ben peut être qu'elle a raison, mais j'ai pas l'intention de m'en passer...

Ah ben ça c'est sûr

Pas compris en quoi le coït serait une façon pour la femme d'être inférieure à l'homme.
Pourquoi l'inverse ne serait pas valable dans ce cas?

ben oui, d'ailleurs, c'est la mâle qui se vide et qui demeure épuisé, pas nous

Ninou a écrit:

Pas compris en quoi le coït serait une façon pour la femme d'être inférieure à l'homme.
Pourquoi l'inverse ne serait pas valable dans ce cas?

L'argument c'est que la femme est pénétrée...

Wow...
Ça me dépasse...
Alors du coup même si l'homme a les mains attachées et la femme sur lui (j'imagine n'importe quoi), la femme sera tout de même toujours inférieure à l'homme de part sa physiologie.
Yahooou, contente de ne pas avoir lu les écrits de Andrea Dworkin
Donc, de part sa naissance une femme sera toujours inférieure.

Ça me fait penser aux femmes réprimées parce qu'elles portent des collants opaques... (un post lu sur le CD). Tout aussi "bien fondé".

Alors là, je voudrais quand même ajouter deux-trois choses:
-deéjà, d'où est tirée la phrase? Parce que si c'est tiré d'Intercourse ou de Men possessing women, où Andrea Dworkin, parle essentiellement de pornographie et de représentation du coït (ce qui est il me semble très différent de parler du coït en lui-même), elle n'a pas exactement le sens que vous lui donnez.
-ensuite, j'ai effectivement lu une conférence d'Andrea Dworkin sur la question. Son idée n'était pas de dire que le coït était un viol (ça n'a pas effectivement pas de sens), mais que la représentation que l'on en donnait et les mots que l'on employait pour le décrire étaient de nature à donner à la femme un statut inférieur (notamment des mots comme "prendre" ou "posséder" une femme)
-troisièmement, à titre subsidiaire, les mots énergiques qu'employait Andrea Dworkin étaient aussi probablement dus à sa vie qui a été extrêmement douloureuse.
Je ne suis pas une thuriféraire d'Andrea Dworkin (j'ai passé l'âge), mais je pense sincèrement que vous déformez ses propos.

Je ne m'en suis tenue qu'à la citation Nina
Effectivement, tu apportes un éclairage différent. Notamment pour la représentation du coït qui serait "de nature à donner à la femme un statut inférieur"

Je ne pense pas que citer Andrea Dworkin est déformer ses propos.
Et je respecte le fait qu'elle a eu une vie très dure et que bien sûr ça a influencé sa pensée, mais ça ne m'empêche pas de ne pas être d'accord avec elle ni avec son courant de pensée.

On ne va pas se battre sur Andrea Dworkin. Je pense que la citer sans indiquer la provenance et prendre un échantillon plus représentatif peut amener à des contresens comme n'importe quel auteur. Etre d'accord avec elle, c'est une chose ( et ce n'est même pas forcément mon cas) mais j'aime bien replacer leurs choses dans leur contexte: simple question de rigueur.

Dans un autre ordre d'idées (on en avait beaucoup parlé sur un forum étudiant): pensez-vous que l'homme ait son mot à dire en cas d'avortement? Du point de vue légal, c'est tranché depuis l'arrêt Boso c/Italie rendu par la CEDH, au nom du droit de la femme à disposer de son corps (il s'agissait en l'espèce d'un homme qui revendiquait un droit de veto sur l'avortement de sa compagne)

Selon moi, son mot à dire, bien sûr. Le dernier mot, non.
Tout comme une femme n'empêcherait pas un homme qui choisirait la vasectomie.

+1 Ninou

+1 Ninou. Finalement c'est MA décision, même si j'irais en parler avec mon partenaire (s'il joue un rôle important dans ma vie)