Revue de presse

Rappel du premier message :

Juste un petit topic pour partager des articles qu'on a pu glâner ici et là et qui nous semblent intéressants,sur n'importe quel sujet (bouffe, politique, culture, tout ce que vous voulez).

Un très intéressant article ici de l'Observatoire des inégalités. Où l'on apprend (certes c'est pas un scoop) que les privilèges ne se réduisent pas aux super patrons richissimes.
Sur les inégalités scolaires: ici

Allez dites-moi ce qui vous a marqué en info récemment!

http://vmleblog.canalblog.com/archives/2014/07/30/30333624.html
J'ai trouvé ce texte très juste et émouvant.

Excellente interview de David Graeber qui date un peu, mais qui pose la question "pourrions-nous être sortis du capitalisme sans nous en être rendus compte?".

Je suis faaan de David Graeber, dont la pensée fait souvent voler en éclats des catégories intellectuelles très rigides, et je suis d'accord avec lui sur ce point: la bureaucratie est un p*tain de fléau, dont nous abreuvent non seulement les administrations (et encore pas tant que ça), mais aussi ces banques, ces mutuelles et ces compagnies d'assurances, bref toute cette bureaucratisation privée que je juge moi aussi insupportable.

David Graeber avait été également remarqué (et critiqué, notamment par les gens qui occupent ces bullshit jobs) pour avoir écrit une longue tribune sur les bullshit jobs:

Dans cet article intitulé «A propos du phénomène des jobs à la con», le chercheur rappelle en introduction que le progrès technologique a toujours été vu comme l’horizon d’une libération du travail, mais que cet horizon s’est constamment éloigné à mesure que les progrès devenaient tangibles. En 1930, le célèbre économiste John Keynes estimait dans une fiction futuriste qu’on pourrait se contenter de travailler 15 heures par semaine un siècle plus tard et que d’ailleurs, on s’ennuierait tellement que le principal problème collectif serait de répartir le travail.

Or, le progrès n’a fait depuis que nous donner des raisons supplémentaires de travailler, dans des métiers que même ceux qui les occupent trouvent parfois profondément inutiles. Cela alors même que le chômage de masse s’est installé durablement, note Graeber:


«Pour y arriver, des emplois ont dû être créés qui sont, par définition, inutiles. Des troupes entières de gens, en Europe et en Amérique du Nord particulièrement, passent leur vie professionnelle à effectuer des tâches qu’ils savent sans réelle utilité. Les nuisances morales et spirituelles qui accompagnent cette situation sont profondes. C’est une cicatrice qui balafre notre âme collective. Et pourtant, personne n’en parle.» [1]

Parlons-en!

Et bien aujourd’hui, nous allons en parler.

Les bullshit jobs de l’auteur appartiennent au secteur des services: les fonctions dites de support et les services aux entreprises (ressources humaines, management, droit, qualité, finance, communication, conseil, etc.) et plus largement les emplois de bureau, de l’employé administratif au manager:


«Nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la croissance sans précédent de secteurs comme le droit des affaires, les administrations, ressources humaines ou encore relations publiques.»

Des gens qui, au-delà des 15 heures de travail efficace hebdomadaire, passent selon lui «le reste de leur temps à organiser ou aller à des séminaires de motivation, mettre à jour leur profil Facebook ou télécharger des séries télévisées».

David Graeber est bien conscient que personne n’a la légitimité pour décider quels boulots sont utiles et quels boulots sont «foireux». Il ne s’agit même pas d’une distinction entre travail productif et improductif, mais plutôt entre travail socialement utile et travail vidé de sens. D’ailleurs, comme il l’observe, un métier est d’autant moins payé qu’il est utile à la société.

Au-delà du côté polémique, ça me pose en effet la question suivante: à quoi bon tant de métiers support quand la production s'effondre ou se délocalise?

J'avais écouté un très bon podcast dans du Grain à Moudre cet automne, où il était invité pour parler de ses travaux sur la bureaucratie (et pas tellement la bureaucratie administrative, celle aussi des entreprises et institutions supra nationales), que j'avais trouvé stimulants, avec effectivement cette idée qu'on est sortis du capitalisme. Je trouve ça super intéressant (et super flippant aussi de voir à quel point le progrès social a été confisqué voire privatisé et à quel point la bureaucratie nous contrôle)

Edit, c'était dans la grande table :
http://www.franceculture.fr/oeuvre-bureaucratie-de-david-graeber

Ah non les administrations publiques ça va: c'est plus difficile aujourd'hui de remplir les demandes des mutuelles et des banques que de faire son impôt sur le revenu.

L'administration fiscale est plutôt efficace, oui (quoique des fois)

Par contre la sécurité sociale est devenue un labyrinthe complètement cryptique, d'autant plus que maintenant la gestion des caisses a été en partie déléguée à des organismes pas ou peu contrôlés. Ca devient impossible pour le citoyen lambda de faire valoir ses droits (moi je sais que ça devient très compliqué, car je ne sais pas pourquoi, je dépends d'un organisme délégué et non de la CPAM. Toute démarche de demande, car ils se plantent régulièrement, s'apparente au trajet d'Astérix dans la Maison des fous)

J'aime beaucoup sa thèse selon laquelle :
- la bureaucratie devient un moyen de contrôle des citoyens (tant que tu fais tes papiers, tu penses pas à te rebeller)
- la bureaucratie devient un moyen de contourner la démocratie (exemple de l'optimisation fiscale pratiquée par les firmes multinationales, les dispositifs à tiroirs qui font échapper une partie substantielle des bénéfices de ces grandes entreprises à l'impôt sur les sociétés) (ou exemple du rideau de fumée de la technicité sur des négociations à forts enjeux pour les citoyens, comme TAFTA...)
- les mouvements démocratiques de ces dernières années peuvent être analysés sous le prisme de la révolte antibureaucratique (exemple des manifestations de Seattle contre l'OMC en 1999 mais aussi du mouvement des 99%)

Bref, c'est vraiment passionnant. Certainement contestable, à nuancer, etc, mais c'est ultra intéressant

Ah je suis tout à  fait d'accord avec lui!!
Moi qui suis dans le cas majoritaire niveau Sécu, j'ai en horreur mais alors en horreur les machins qui se greffent dessus; je sais même pas pq il y a autre chose que la Sécurité Sociale: on devrait tous cotiser à la Sécu et rien qu'à ça, et basta. (et ne me dites pas qu'on peut pas payer la Sécurité Sociale, on paie aussi les organismes privés).
Eh oui la soi-disant vantée complexité du monde est en effet surtout un écran de fumée pour masquer du tout et n(importe quoi à mon sens: la fiscalité pour reprendre cet exemple, n'a pas à être aussi compliquée.

mais tellement !

Pardon, je ne savais pas où poster. A quoi ça sert ce genre d'article ?

Ben à rien, et on est déjà au courant qu'ils veulent faire des attaques en Europe.

Ben à rien..

J'aime ce petit billet sur les résolutions de janvier en matière alimentaire

When you actually find yourself craving salads and soups more than doughnuts, half the battle is won. The same is true of exercise. When I was an overweight teenager, I never believed I could find exerting myself anything other than a humiliation and a pain. Now, I discover, slightly to my amazement, that half an hour of yoga or swimming can be an enjoyable interlude, rather than something so unpleasant it requires chocolate to compensate.

It isn’t the urge for change that is wrong but the way we approach it. To adjust our food habits is one of the hardest things anyone can do, because the way we eat is bound up with so many deep-set memories. It takes time. But it can be done. Instead of trying to force ourselves to eat what we dislike, we would do better to work on changing what we like. Bite by bite.

You know you have changed when many of the foods that bring you comfort are also ones that do you good. When January is just another month.

Oui c'est très juste.

Le mouvement Nuit debout peut-il sortir de l'entre-soi?
Article très intéressant sur le sujet de cette mobilisation, inattendue, il faut le dire.

En ce qui me concerne, pour y être passée (parce que moi j'ai toujours de la sympathie pour des gens qui veulent secouer l'ordre établi, à condition que ce soit sérieux), j'ai rien contre mais j'ai quelques bémols:

-en effet, c'est très segmenté socialement. J'ai rien contre le secteur public, j'ai rien contre les lycéens non plus, et j'ai rien contre les bobos de l'Est parisien, juste, ça représente pas le pays (ça représente même pas la ville de Paris). D'autre part, c'est gênant que la mobilisation contre la loi travail soit portée pour bonne partie par des gens qui ne sont pas concernés: ça enlève une part de légitimité.

-j'arrive pas à comprendre le fil directeur de l'affaire. A la base, la démocratie directe m'inspire surtout de la méfiance: à part à Athènes sous l'Antiquité, en excluant les trois quarts de la population, ça n'a jamais vraiment fonctionné. Je n'arrive pas vraiment à capter le but recherché: écrire une VIe République, j'ai rien contre, mais sur quoi et sur quelle base? Pour l'instant, le seul structuré c'est Jean-Luc Mélenchon, pourquoi pas, mais ce serait un peu con de se mobiliser autant pour JLM2017. Et ça, on appelle ça des prétextes pour ne pas avancer.

Quant aux discussions soulevées, je ne m'y suis pas attardée longtemps en physique, mais pour les échos que j'en ai eus sur Internet, c'était pas inintéressant, mais rien de plus révolutionnaire que des blogs de gauche alternative ou libertaire déjà présents sur Internet. Souvent assez général (Féminisme et rapports de genre), et assez peu dans le cambouis du concret des gens que ce mouvement cherche à atteindre, à mon avis.

Quant à la loi, elle est stupide dans le sens qu'elle méconnaît un problème de fond: à savoir qu'il n'y a aujourd'hui personne (consommateur, salarié ou autre) de prêt à payer pour du travail ici.

Bref, assez curieuse de voir ce qu'il va advenir de ce mouvement. Pour l'instant, j'attends de voir: je suis un peu partagée.

Il y en a aussi des rassemblement ici parfois. A vrai dire, je ne comprends pas trop le sens du mouvement (même si de manière générale j'ai de la sympathie aussi pour les gens qui veulent s'engager), et le "on ne revendique rien de concret" me rappelle bcp le mouvement Occupy

Oui j'allais dire qu'en Allemagne j'en avais repéré aussi: sauf que les Parisiens susnommés pour s'occuper des migrants dans les gares (comme à Munich), bizarrement ils avaient poney ou piscine. (j'avoue que ça me gêne un peu).
En effet, y'a des trucs qui font penser à Occupy Wall Street qui était aussi un grand mouvement: ce qui me fait peur c'est que 5 ans plus tard, on se retrouve avec Trump d'un côté et Clinton financée par ces mêmes lobbys financiers dénoncés. Reste Bernie Sanders pour qui j'ai une grande sympathie, mais l'emportera-t-il et la population le suivra-t-il?

Un petit article qui a pas mal tourné sur les réseaux sociaux mais qui résume assez bien les évolutions sociétales récentes ou comment les réseaux sociaux nous ont incité à nous mettre encore plus la pression (et qu'on retrouve notamment chez les mères mais de façon générale chez les femmes)
le retour de la mère parfaite

Han ça me fait penser aux débats qu'a suscité Mimi Thorisson et sa vie parfaite.
J'avais pas lu cet article, mais c'est intéressant.
Perso, la vie de Germaine avec son canapé scandinave et ses brioches, ça m'a jamais fait rêver: mon arrière grand tante faisait pareil en 1950. Quant à la pression, elle est nuisible et sans aucun intérêt: je n'ai pas remarqué qu'on produisait plus de prix Nobel depuis qu'on emmerdait les mères avec les petits pots bio, et autres. (je dis les mères, parce que j'ai rarement constaté que les pères se mettaient soudainement à écumer les marchés, faire des délicieux plats à base de légumes frais, et à ne pas dormir parce qu'il n'a pas eu le temps d'inscrire Lucien au piano/emmener Sophie au foot/aller à la réu de parents d'élèves).

Je ne savais pas où poster, mais voici un billet de blog que j'ai trouvé très intéressant sur les mouvements terroristes actuels liés à l'Etat islamique. Ca ne change pas grand chose au monde, mais cet article m'a à titre personnel beaucoup aidée à faire sens de toute cette folie, et c'est déjà pas si mal :
http://filiu.blog.lemonde.fr/2016/07/17/une-radicalisation-tres-rapide-cela-sappelle-une-conversion/

Merci, les deux articles sont super intéressants! Et je suis complètement d'accord avec ce que tu dis Nina sur la pression sur les mères/femmes.