Vous lisez quoi en ce moment ?

Rappel du premier message :

Je l'ai adoré ce bouquin!!!

Je me suis rendue compte que je connais que très peu la littérature africaine.
J'ai aussi très envie de lire "Voici venus les rêveurs" d'Imbolo Mbue ?
Vous l'avez lu ?

Je suis pas une grande spécialiste, mais en auteurs africains que j'aime bien, il y a Chinua Achebe (il a écrit d'autres livres que Things fall apart), Ahmadou Kourouma et Wole Soyinka (beaucoup de théâtre mais aussi son autobiographie Ake, les années d'enfance). Naguib Mahfouz aussi pour l'Egypte. Et sinon les Sud-Africains comme Coetzee.
Dans la nouvelle vague actuelle, tu as des Mabanckou (pas si nouveau d'ailleurs), Taiye Selasi (la femme m'est viscéralement antipathique, mais il paraît que son dernier bouquin est bien)....Et Chimamanda Ngozi Adichie qui est très à la mode maintenant: j'ai bien aimé l'Autre moitié du soleil, je suis nettement plus sceptique sur Americanah.
Je ne connais pas Imbolo Mbue.

Sinon, je lis la Connaissance inutile de Jean-François Revel.

Je relis les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift.
Je me demande comment ça a pu devenir un classique de la littérature enfantine d'ailleurs: c'est finalement assez dur et critique, vous ne trouvez pas?

J'ai un souvenir très vague, mais oui c'est plutôt glauque non?

Y'a pas mal d'humour noir, oui.

Comme beaucoup d'histoire pour enfants.
Tous les contes sont au final des histoires difficiles

Terminé les Voyages de Gulliver, que j'ai vraiment adoré évidemment, ce qui n'est pas étonnant puisque je l'aimais déjà avant (le meilleur moyen de ne pas être déçu: relire ce qu'on aime).

La Connaissance inutile, je l'avais déjà fini aussi avant de relire Swift: j'ai une grande sympathie pour Revel, principalement parce qu'il contredisait tout le monde, ce qui est en soi une qualité à mes yeux. Le livre est principalement un catalogue des errements idéologiques des années 70-80-90, où en effet l'amour de la vérité n'était pas la principale caractéristique des intellectuels (pauvre Simon Leys...) J'ai grandi en lisant Raymond Aron et Karl Popper avant de lire le Capital (tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents de droite) , si vous êtes plutôt de l'école Sartre, ça ne vous conviendra certainement pas.

Et là, je lis Orthodoxie de Chesterton. Cela ne parle pas de la religion orthodoxe, mais c'est une défense du christianisme (et je dirais même plus, du catholicisme). En soi, cela pourrait être ennuyeux, sauf que Chesterton a un sens du paradoxe, de la pensée bondissante, et perçoit très bien les ambiguïtés de notre modernité. Il est d'ailleurs très drôle. Evidemment, ça a plus de gueule que Confessions d'une catho branchée de Frigide Barjot, ce qui n'est pas dur.
Chesterton, mangez-en!

MyFair: c'est vrai pour les contes pour enfants. Swift n'écrivait pas vraiment pour eux, c'est plus tard qu'on a dilué son livre dans des versions pour enfants (Lilliput et cie). Mais les contes de Perrault, je trouve ça horrible. Comme le dit Thomas Paine, on devrait se méfier de ce qui peut choquer l'imagination d'un enfant.

Vous lisez plus?

Pour suivre ma résolution 2017 de plus souvent débriefer bouquins, j'ai lu ces derniers temps:
-Retour à Brideshead d'Evelyn Waugh: étant relativement bûche en littérature britannique, je n'avais jamais lu Evelyn Waugh, dont j'ai bien aimé ce livre. Il s'agit de la décadence de l'aristocratie britannique, et plus généralement du monde d'entre les deux guerres, relatée à travers la déchéance d'un jeune aristocrate catholique, Sebastian Flyte, dont le narrateur du roman est devenu l'ami à Oxford. Ledit narrateur ne finira guère mieux: sa fascination pour ce milieu, pour la demeure familiale de son ami, Brideshead, l'amènera à se brûler les ailes...

Et là je lis La Vie et les opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne: je crois que ce dernier était vraiment cinglé, mais c'est drôle.

Ah oui, j'avais beaucoup aimé Viles bodies d'Evelyn Waugh. C'est bien écrit et assez mordant

Faudra que je regarde tiens....

Il en existe une adaptation ciné que j'aime bien : Bright young things de Stephen Fry

Je note. Y'a eu pas mal d'adaptations cinoche de ses livres j'ai l'impression.

Ces derniers temps:

-Genitrix de François Mauriac: je suis une amoureuse de la première heure de François Mauriac. Son style dépouillé, ses obsessions bien catholiques, son sens psychologique m'ont toujours parlé. Il n'y a rien de gai chez lui, mais je ne peux rien y faire: tout ce qu'il écrit m'attire.
Genitrix, c'est l'histoire de la relation entre une mère et son fils. Une mère qui ne veut pas lâcher son fils unique, Fernand, qui l'enferme, et le surcouve. Un fils veule, lâche, velléitaire, qui a établi une relation fusionnelle avec sa Genitrix, sa mère abusive. Il se marie à plus de cinquante ans pour desserrer l'emprise de sa mère, est malheureux en ménage, jusqu'à ce que sa femme meure en couches. Sa mère jubile: enfin, elle pourra récupérer son Fernand. Mais Fernand lui, en voyant sa femme morte, s'aperçoit de tout le bonheur qu'il aurait pu connaître en ménage, et le fait payer à sa mère...
C'est proprement atroce (la scène où la mère jubile en entendant le râle de sa belle fille est affreuse), mais on part avec lui, avec Mauriac.

Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway: je ne vais pas en dire grand chose de plus que ce que tout le monde connaît déjà. Très belle lecture.

Fermina Marquez de Valéry Larbaud: un très court roman d'un auteur que plus personne ne lit plus. Roman d'initiation autour d'une jeune fille qui arrive dans un collège de garçons: Fermina Marquez. Une jolie découverte pour moi.

Confession de minuit de Duhamel: on ne lit plus Duhamel non plus, ce qui est triste. J'avais lu adolescente sa fameuse Chronique des Pasquier, dont j'avais aimé le dépouillement somme toute classique (toujours ma passion pour le style français).
La Confession de minuit de Duhamel est le premier tome de la fresque Vie et aventures de Salavin, et recèle un des premiers exemples de l'anti-héros en littérature française. Il est terne, ce Salavin, il a perdu son travail pour une sottise (toucher son chef à l'oreille) (n'est-ce pas dérisoire?), et il ne trouve aucun sens à sa vie. Sa quête de sens s'étale sur 5 tomes, mais on est au début dans la Confession de minuit, qui est le récit de sa chute.

La bataille du Vatican de Christine Pedotti: dans mes hobbies et fixettes, j'ai en bonne place mon intérêt toujours renouvelé pour la théologie et les affaires religieuses (principalement chrétiennes). J'évite en général pour ce faire les raseurs réactionnaires qui n'ont rien dans la tête, mais il se trouve que Christine Pedotti n'en est pas. Co-fondatrice du comité de la Jupe, elle se classe plutôt à la gauche du Christ (pour reprendre le titre du livre de Schlegel), d'où son intérêt pour le concile de Vatican II, dont elle retrace l'histoire dans un livre fort bien fait, et très accessible.

Dans la foulée, j'ai aussi lu d'elle son livre sur Jésus, très bien fait également, et là je lis Pastorale américaine de Philip Roth.

Mauriac me tente! a part Thérèse D, je ne connais pas

Le premier livre que j'ai aimé de lui était Le Baiser au lépreux. Bon, évidemment, il ne faut pas s'attendre à du follement gai.

J'aime bien Mauriac aussi, et Pour qui sonne le glas pour moi c'est le meilleur Hemingway
En ce moment je lis un Balzac peu connu et assez drôle, La Muse du département.
Tu m'as donné envie avec Waugh, je viens de commander ce roman, je pense que ça va me plaire. Je n'y connais quasi rien non plus en littérature anglaise XXe, mon créneau c'est plutôt le XIXe.

En ce moment je ne lis que de la chick lit, j'ai le cerveau tout fondu. Mais j'ai trouvé Le Royaume à la médiathèque, et aussi le dernier de Jay McInernay. Je vous fais un retour quand je les ai finis

(et je suis excitée comme une puce parce que j'ai trouvé La Rose de Versailles, le manga qui a été adapté en anime sous le nom "Lady Oscar", j'ai 34 ans et j'aime lire du shojo manga, ce sera tout pour aujourd'hui, merci)

Ah ben j'aurais pu te le passer Arthé!
J'ai gardé un bon souvenir de ce livre, sans en être bouleversée sur trois siècles non plus. J'ai d'ailleurs surtout beaucoup apprécié la description de l'amitié entre les deux personnages principaux, mais je n'en dirai pas plus....

Colombine: tiens, tu nous diras pour le Royaume. J'ai pour le coup détesté ce bouquin, mais je suis bien curieuse de connaître ton avis.

Je vous recommande aussi chaleureusement la Vie et les opinions de Tristram Shandy, de Laurence Sterne: le chef d'œuvre absolu (du moins d'après mes connaissances limitées) du non sens, et de la liberté absolue en littérature. Le livre porte mal son nom, puisque de Tristram Shandy on ne saura pas grand chose, vu qu'il faut déjà quatre cent pages à l'auteur pour passer au récit de sa naissance, de disgressions en disgressions. Par contre, on apprendra beaucoup sur son père, un gentilhomme anglais obsédé par l'étude des Anciens (étude d'ailleurs mal digérée, ce qui donne lieu à d'amusants passages), et sur son oncle, Tobias Shandy, ancien soldat, dont le dada est de reconstituer des scènes de bataille dans son jardin.
J'ai beaucoup ri (mais j'ai un humour spécial): il y a ce moment où vous lisez "imaginez la plus belle femme possible et imaginable" (ou une phrase de ce style) et vous avez en face de vous une page blanche . Pour décrire ses disgressions, Sterne dessine même des lignes courbes.
Le style est dans le plus pur picaresque, ironique, bien sûr: c'est Cervantès à l'ère moderne, c'est aussi Candide de Voltaire.

Bref, je suis évidemment tombée en grand amour de Laurence Sterne et de Tristram Shandy. Par contre, si vous avez mal au crâne, que lire un roman sans queue ni tête de 900 pages par pur plaisir ne vous amuse pas et que l'intrigue pour vous est le plus important, n'ouvrez surtout pas ce livre, parce que vous vous ennuierez et que vous vous énerverez. Mais si vous aimez la littérature en soi, alors....

Si vous l'achetez, une seule traduction est vraiment exceptionnelle (à moins de le lire en anglais, naturellement, mais je vous souhaite d'avance bon courage):

Aux éditions Tristram (évidemment...)

(A noter que dans cette maison d'édition, au catalogue passionnant, sont parues il y a quelques années deux traductions reconnues par la critique comme étant excellentes de Mark Twain, pour celles que ça intéresse).

Colombine a écrit:

(et je suis excitée comme une puce parce que j'ai trouvé La Rose de Versailles, le manga qui a été adapté en anime sous le nom "Lady Oscar", j'ai 34 ans et j'aime lire du shojo manga, ce sera tout pour aujourd'hui, merci)

.... également adapté en film par le cultissime Jacques Demy qui a fait une bouse intégrale, réalisée en 1978 soit quelques années après la sortie du Manga.

Si le film lui a permis de toucher de la thune pour faire d'autres trucs plus sympa, ça fait partie  mes yeux des trucs totalement insauvables dans sa filmographie !!

http://www.nanarland.com/Chroniques/Main.php?id_film=ladyoscar

... je me poile comme une baleine sur cette description .... c'est tellement ça ......

Tu m'as donné envie de lire le Mauriac dont tu parles, Nina.

J'ai lu Le joueur d'échecs de Stefan Zweig, j'aime beaucoup cet écrivain et celui-ci ne déroge pas à la règle. Tout ce que ce joueur raconte de son arrestation/interrogatoire par la Gestapo, glace le sang mais donne à réfléchir sur le totalitarisme, la pensée/l'interdiction de penser.

Je viens de finir Le meurtre de Roger Ackroyd d'Agatha Christie, j'ai eu du mal à me mettre dedans mais le tout est magistral. J'étais déroutée au début, je ne savais pas qui pouvait être le meurtrier mais finalement un détail m'a mise sur la piste et j'avais raison. C'est aussi bien écrit et le personnage d'Hercule Poirot est divin. La description des personnages et de l'Angleterre rurale est parfaite.